CALLIGRAPHIE : La calligraphie, "l'art de bien former les caractères d'écriture", est une composante incontournable de la culture et de la religion musulmane.
Ce mot provient des radicaux grecs κάλλος kállos («beau») et γράφειν gráphein («écrire»). Presque toutes les civilisations qui pratiquent l'écriture ont développé un art de la calligraphie. Toutefois, certaines d'entre elles l'ont élevé à un statut spécial en fonction de contextes historiques ou philosophiques particuliers.
Dans plusieurs civilisations orientales la calligraphie fait partie des sciences occultes, hiérurgie (la pensée, le pinceau, le trait et l'idée philosophique sont indissociables). Elle est aussi en occident l'art des moines copistes et enlumineurs.
La calligraphie arabe est née en même temps que la religion musulmane. L'Islam, qui connaît une expansion rapide pendant tout le VIIème siècle, se base sur un livre saint retranscrivant la parole divine. La copie du Coran permet de diffuser dans les régions d'Afrique du Nord et d'Arabie le message religieux du prophète Mahomet, faisant de l'écrit un support efficace de communication. L'utilisation du papier, une invention chinoise importée, facilite de même son essor. Dès lors, la langue et l'écriture arabe deviennent officielles et s'imposent dans toutes les administrations des pays musulmans.
L'alphabet arabe est donc utilisé dans les tâches administratives des gouvernements. Il se décline en plusieurs styles, chacun correspondant à une position hiérarchique particulière : une écriture spécifique est réservée aux califes, une autre aux ministres, une autre encore aux princes. Il existe de même des formes de lettres et des présentations différentes selon la fonction du texte : contrats, finances, poésie, courrier diplomatique (le diwani), etc. Enfin, selon le pays et la langue, le style calligraphique diffère. Chaque culture modèle progressivement sa typographie à l'image de ses traditions culturelles, faisant de l'écriture un facteur identitaire. On retrouve, par exemple, le style andalou, persan, ottoman, mamelouk ou maghrébin. La calligraphie a donc au début un rôle avant tout pratique. Mais elle va devenir très vite un vecteur artistique.
La religion musulmane déconsidère toute figuration d'êtres doués d'une âme, ce qui signifie que l'art ne peut représenter ni les hommes ni les animaux. Dans ce contexte, la calligraphie apparaît comme un support artistique incontournable. La lettre devient le principal élément de décor et orne les murs des mosquées, des écoles ou des palais. Le procédé stylistique s'améliore et devient de plus en plus poussé : la forme des caractères s'allonge, les mots ne suivent plus de lignes et se décorent de motifs floraux ou géométriques. Cette nouvelle complexité des techniques stylistiques, qui obéit à de nombreuses règles, donne naissance à différentes écoles de calligraphie, dont les plus célèbres sont celle d'Ibn al Bawwab au XIème siècle, et celle d'al-Mousta'semi au XIIIème siècle.
La calligraphie latine est associée à l'histoire de l'écriture en Europe avant et après l'utilisation de l'imprimerie et sur la base de l'alphabet latin des Romains. Les manuscrits (pratique de la copie manuelle d'un livre) ont poussé à pratiquer l'écriture comme un art en y associant souvent l'enluminure ou l'illustration. Elle a connu une évolution constante. Petit à petit sont nées de nouvelles lettres (le V et le J), les espaces entre les mots, la ponctuation et l'emploi des majuscules à partir des lettres décorées.
La pratique de la calligraphie latine est généralement associée à la copie de manuscrits par les moines chrétiens. Pour eux, il s'agissait de beaucoup plus qu'un travail : c'était une forme de prière, qui était à la fois une louange et une ascèse. La calligraphie, qui nécessite — ne serait-ce que techniquement - une grande concentration, une sûreté des gestes acquise par une longue pratique, donc une hygiène de vie pouvant effectivement aller jusqu'à l'ascétisme, en dehors même de toute considération spirituelle mais souvent associée de fait, est donc souvent une activité de religieux, et pas seulement en Occident.
Puis, au fil de l'histoire, elle a évolué au gré des influences culturelles, politiques et commerciales et des innovations techniques. Selon le support utilisé (pierre, cire, papyrus, parchemin et feuille), elle se pratique avec un ciseau, un style, un calame ou une plume (plume d'oiseau, puis plume métallique).
ENLUMINURE : Enluminer signifie apporter la lumière par la couleur.
Les termes enluminure et miniature désignent tous les motifs, personnages, scènes peintes dans un manuscrit. Le terme enluminure vient du latin illuminare qui signifie embellir, mettre en lumière, éclairer tandis que miniature vient du latin minimum qui désigne la couleur rouge obtenue soit par la cuisson de la céruse soit par le broyage du cinabre.
L’image a un rôle didactique. Inspirée par le texte qu’elle illustre, elle en facilite la compréhension. L’image explique visuellement le texte. Elle permet également de faire ressortir les articulations du texte et de guider ainsi le lecteur. Il existe trois éléments de décoration : l’initiale, la bordure et les illustrations dites «pleine page». Le décor est soumis a une hiérarchie qui correspond à celle du texte (livre, chapitre, paragraphe). Dans ces hiérarchies, la peinture prime sur le dessin ; les métaux sur les couleurs ; l’image sur l’ornement. Une initiale plus grande guide vers une partie du texte plus importante.
Voici l’ordre hiérarchique selon lequel les initiales s’organisent :
Les initiales peintes sont au sommet de la hiérarchie :
* Les initiales comportant une scène ou un personnage :
o L’initiale historiée : le corps de la lettre sert de cadre à une scène.
o L’initiale figurée : le corps de la lettre est formé par des personnages ou des animaux.
o L’initiale habitée, dont le corps formé de végétaux devient le support de la scène représentée.
* Les initiales ornées sont décorées de motifs géométriques ou végétaux.