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 Les épidémies au Moyen Âge

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Esclarmonde
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MessageSujet: Les épidémies au Moyen Âge   Les épidémies au Moyen Âge Icon_minitimeJeu 4 Sep - 13:57

La Peste (ou la Mort Noire) :
· Origine : La peste (du latin pestis atra, la mort noire ou la mort funeste) est une maladie causée par le bacille Yersinia pestis et qui affecte aussi bien les animaux que les hommes. Elle est principalement véhiculée par un rat : le Rattus rattus, qui la transmet à l'homme par l'intermédiaire de puces infectées (puce du rat Nosopsyllus fasciatus en Europe).

· Histoire : La première grande manifestation de la peste date du milieu du VIème siècle : cette peste, dite de Justinien vint désoler le monde connu de 531 à 580. Partie de Péluse, elle gagna Alexandrie, le Nord de l'Afrique, la Palestine, la Syrie, Constantinople, l'Italie, la Gaule, la Germanie. En résumé, dans la deuxième moitié du VIème siècle, elle avait parcouru le monde occidental. Dans certaines parties de l'Europe, la dépopulation fut telle que des villes importantes devinrent des déserts.
1167 : La peste disperse les soldats de Henri VI devant Naples (1193) et ceux de Beaudourn en Syrie (1202).

· Symptômes : La mort était subite ; il naissait dans l’aine ou dans l’aisselle une plaie semblable à la morsure d’un serpent ; et ce venin agissait tellement sur les hommes qu’ils rendaient l’esprit le lendemain ou le troisième jour ; et la force du venin leur ôtait entièrement le sens.

· Traitements :
* prier les saints, notamment saint Roch et saint Sébastien,
* organiser des processions de flagellants, brûler les hérétiques, les juifs et les lépreux accusés de propager la maladie,
* la thériaque, composée de multiples plantes, a été utilisée, sa teneur en opium devait diminuer légèrement la diarrhée et les douleurs,
* les bézoards, les sécrétions animales (sang de vipère et bave de crapaud), étaient largement utilisés avec le succès que l'on devine,
* la purge et la saignée, en aggravant l'état de choc et la diarrhée, permettaient peut-être d'abréger les souffrances des patients,
* le traitement dit «électuaire des trois adverbes» : «cito, longe, tarde», (pars) vite, (va) loin, (reviens) tard (traitement pas toujours facile à mettre en œuvre, et susceptible de propager encore plus la maladie).


La Dysenterie (ou Feu de Saint-Antoine) :
· Origine : La dysenterie est provoquée par l’ingestion d’aliments contenant certains micro-organismes.

· Histoire : La dysenterie épidémique décime les Croisés assiégeant Antioche.

· Symptômes : Maladie aiguë ou chronique du gros intestin des humains, caractérisée par des selles fréquentes et aqueuses, souvent mêlées de sang ou de mucus et accompagnées de fortes crampes abdominales. Elle peut également produire une ulcération des parois de l'intestin.

· Traitements :
* on mettait des ventouses aux épaules et aux jambes, et qu’ensuite des cloches s’en étaient élevées et venaient à s’ouvrir, il en sortait un sang corrompu, et beaucoup étaient guéris par ce moyen,
* mais plusieurs obtinrent la guérison par des breuvages composés des herbes connues pour remédier aux poisons.


Le Scorbut
:
· Origine : Le scorbut est une maladie liée à une déficience alimentaire en vitamine C.

· Histoire : Le scorbut exerce d'affreux ravages au siège de Damiette (1218). Trois fois Saint Louis (Louis IX) ne peut empêcher la contagion d'attaquer ses compagnons d'armes : lorsqu'il marche contre Henri III d'Angleterre (1242-1243), en Égypte (1250), près de Tunis (1270) ; il succombe alors lui-même.

· Symptômes : Le déchaussement et la purulence des gencives, des hémorragies, puis la mort.

· Traitements : Aucun connu.


Le Feu Sacré
:
· Origine : Le feu sacré est une épidémie due à l'ingestion, le plus souvent en temps de disette, de farines contaminées par l'ergot du seigle. L'ergot du seigle est un parasite de certaines graminées qui se présente sous forme de minces bâtonnets de deux à trois centimètres de long accolés à la tige de l'épi. Il peut se trouver mêlé au grain et moulu avec lui.

· Histoire : En 945, 983, 1039, 1041 et à d'autres périodes du XIème siècle, une maladie terrible, dont les contemporains retracent l'effrayant tableau, visite la Lorraine, la France, l'Italie.

· Symptômes : C'est un feu caché, dévorant, le feu sacré : Ignis plaga, ignis sacer ; il attaque les membres, les consume, les détache du corps, sorte de gangrène spontanée, d'érysipèle gangreneux, s'étendant à un grand nombre de personnes de tout sexe, de tout âge.
Sous une peau livide, ce mal ronge les chairs ; les patients, sont d'abord enveloppés d'un froid glacial que rien ne peut combattre, puis surviennent des chaleurs intolérables.

· Traitements :
* cette affection paraît sans remèdes humains et quelques auteurs y voient le châtiment de dérèglements honteux.


Le Mal des Ardents
:
· Origine : Confère le feu sacré.

· Histoire : L'affection fut désignée par des dénominations nombreuses : on l'appelait feu divin, sacré, persique, de saint Marcel, de la bienheureuse vierge Marie, de saint Firmin, etc., de la géhenne, de l'enfer, etc…
Cette maladie désola différentes parties de la France au Moyen Âge. La relation la plus ancienne est celle de Flodoard, relative à l'épidémie de Paris et de son territoire dans le cours de l'année 945. Deux autres qui eurent lieu en 994 et 1039 sont mentionnées brièvement par Raoul Glaber. Le mal des Ardents apparaît de nouveau en 1120 et envahit les régions du Nord et de l'Ouest, le pays Chartrain, Paris, le Soissonnais. Un siècle auparavant, le chroniqueur Adémar de Chabannes rapporte qu'il enleva 40 000 personnes en Aquitaine.

· Symptômes : Les phénomènes graves furent les gangrènes. Le feu persique est une maladie pestilentielle qui consume la chair et la sépare des os, au-dessous de la peau, devenue livide. À mesure qu'on avance, la douleur et l'ardeur augmentent et finissent par tuer les malheureux ; parfois la mort qu'ils souhaitent n'arrive pas avant que, tous leurs membres étant rongés et détruits, le feu ne gagne les organes indispensables à la vie.

· Traitements :
* les chroniqueurs sont unanimes sur sa gravité ; tous affirment qu'elle est au-dessus des ressources de la médecine ordinaire ; presque tous, hagiographes ou historiens de monastères, rapportent des guérisons miraculeuses, opérées grâce à l'intervention des saints. D'après Flodoard, ceux qui purent se rendre à l'église de la Sainte-Mère de Dieu furent sauvés. Dans l'épidémie de 1130, un miracle analogue, racontera-t-on, eut lieu près de la châsse de la patronne de la ville ; Sainte-Geneviève des Ardents fut élevée pour en perpétuer le souvenir,
* ailleurs, l'eau mélangée à la cire fondue qui coulait des cierges brûlant devant les autels fit disparaître, à ce qu'on crut, les accidents. La chapelle de la Sainte-Chandelle, à Arras, avait été élevée à la suite d'une épidémie.
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Esclarmonde
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MessageSujet: Re: Les épidémies au Moyen Âge   Les épidémies au Moyen Âge Icon_minitimeJeu 4 Sep - 14:00

Il est très souvent fait référence dans les romans relatant le Moyen Âge, à l'épidémie : Le Mal des Ardents. Voici des commentaires tirés de certains de ces ouvrages.

LE MAL DES ARDENTS


"Le Feu-Saint-Antoine, le Feu Sacré, le Mal des Ardents, noms divers donnés à des épidémies dues à l'ingestion, le plus souvent en temps de disette, de farines contaminées par l'ergot du seigle. L'ergot du seigle est un parasite de certaines graminées qui se présente sous forme de minces bâtonnets de deux à trois centimètres de long accolés à la tige de l'épi. Il peut se trouver mêlé au grain et moulu avec lui. C'est un toxique responsable au cours des temps de nombreuses épidémies. La dernière en France a eu lieu voici une trentaine d'années, à Pont Saint Esprit dans le Gard, en plein vingtième siècle. Maux de ventre, convulsions, gangrènes des membres, brûlures internes, se succèdent tandis que se produit une élévation ou, au contraire, une baisse de tension artérielle. Il n'existe pas d'antidote."

Jeanne Bourin dans Le Grand Feu 1985. Pour ceux qui n'ont pas lu le livre cette intoxication est toujours mortelle.

Jean René Yharrassarry

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Le "mal des ardents" a sévi à plusieurs reprises sous forme épidémique dans certaines provinces de France, en Allemagne, en Espagne et en Sicile, du Xème au XIIème siècle. Il se présentait sous la forme de : frissons suivis de chaleurs, délire, prostration, douleurs violentes à la tête et aux reins, indurations et abcès des glandes axillaires et inguinales, gangrène des extrémités, pouvant aboutir à des infirmités graves et incurables. Ces terribles épidémies étaient dues surtout à la condition et à l'alimentation misérables des populations, et en particulier à l'absorption de farines contenant de l'ergot de seigle, champignon entraînant des maladies des graminées, dont les principes actifs sont maintenant utilisés en pharmacie.

Pierre Bétourné

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Le "mal des ardents" ou "ergotisme" est une maladie bien connue qui a fait des ravages jusqu'au siècle dernier. Il s'agit d'une intoxication par les alcaloïdes d'un champignon appelé "ergot de seigle", qui se développait sur le seigle lors d'années pluvieuses. Le seigle infecté et utilisé pour la nourriture humaine déclenchait cette maladie (donc non contagieuse mais évoluant par "épidémies" car en général le champignon se développait dans tous les champs d'une même région). Les symptômes étaient, si je me souviens bien, essentiellement neurologiques et entraînaient rapidement la mort. Actuellement on utilise toujours certains de ces alcaloïdes comme médicaments, notamment un médicament bien connu contre la migraine appelé Di-Hydro-Ergotamine... Depuis qu'on a pu identifier la cause de la maladie et retirer de l'alimentation humaine les plans infectés, et qu'on traite les cultures avec des antifongiques efficaces, la maladie a totalement disparu... La "malbouffe" n'est pas une invention moderne, et nos ancêtres étaient bien plus souvent que nous victimes d'affections dont l'origine venait directement de leur alimentation...

Philippe Ramona

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En fait, il y a plusieurs formes d'ergotisme, et le "mal des ardents" (également feu de Saint-Antoine) semble différent des formes connues au siècle dernier : il s'agit d'une épidémie (on peut ergoter sur le terme) qui a sévi du Xème au XIIIème siècle environ. Les caractères étaient les suivants : frissons suivis de chaleur, délire, prostration, douleurs violentes à la tête et aux reins, indurations et abcès des glandes axillaires et inguinales, gangrène des extrémités (d'où son nom).
Jean Tosti

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L'ordre religieux des Antonins s'était fait une spécialité de soigner les malades qui en étaient atteints.

Thierry Potier


Tiré du site : http://pagesperso-orange.fr/nad.b3-everquest/la-correze-en-photos/mal-des-ardents.htm
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